RÉSUMÉ
Le diagnostic des thrombopathies constitutionnelles implique une démarche très spécialisée, les anomalies sous-jacentes étant nombreuses et variées. En cas de symptomatologie évocatrice (saignements cutanéomuqueux principalement), la première étape est d’éliminer une thrombopathie acquise et un déficit en facteur Willebrand. Le diagnostic d’une thrombopathie constitutionnelle nécessite ensuite plusieurs étapes, la première étant dominée par les tests d’agrégation plaquettaire, le plus souvent réalisés avec un panel d’agonistes sur plasma riche en plaquettes, et permettant d’identifier aisément certaines thrombopathies typiques comme la thrombasthénie de Glanzmann. L’agrégation plaquettaire peut aussi être évaluée en sang total par impédancemétrie, mais cette approche est peu validée en pratique. La cytométrie en flux (CMF) est aussi très utilisée pour l’étude spécifique des récepteurs importants pour l’adhésion (GPIb, GPIaIIa, GPVI) et l’agrégation (GPIIbIIIa), et permet d’évaluer aussi la sécrétion des granules, l’exposition des phospholipides anioniques et l’activation de GPIIbIIIa. Différentes approches explorent les granules, mais le test à mépacrine pour les granules denses, et la mesure de l’expression en CMF de la P-sélectine pour les granules alpha, sont les plus utilisés. L’étude des plaquettes en microscopie électronique est importante pour caractériser l’origine d’un trouble de la sécrétion. Récemment, l’immunofluorescence sur lames a été proposée pour identifier plusieurs thrombopathies dans des pays dépourvus d’un plateau technique sophistiqué. Enfin, des analyses génétiques performantes sont aujourd’hui accessibles et permettent l’identification de nouvelles anomalies responsables de thrombopathies. Elles sont en France réalisées grâce au Centre de Référence des Pathologies Plaquettaires constitutionnelles (CRPP), au sein de la filière MHEMO.
MOTS CLÉS
agrégation, cytométrie en flux, diagnostic biologique, plaquettes, thrombopathie
ABSTRACT
The diagnosis of inherited platelet function disorders or thrombopathies involves a very specialized approach, as the underlying abnormalities are numerous and variable. In the case of typical symptoms (mainly mucocutaneous bleedings), the first step is to rule out acquired thrombopathy and Willebrand factor deficiency. The diagnosis of a constitutional thrombopathy then requires several steps, the first of which is mainly based on platelet aggregation tests, most often performed with a panel of agonists on platelet-rich plasma, and which can easily identify some typical thrombopathies such as Glanzmann’s thrombasthenia. Platelet aggregation can also be assessed in whole blood by impedancemetry, but there is little validation of this approach in practice. Flow cytometry (FCM) is also widely used for the specific study of receptors important for adhesion (GPIb, GPIaIIa, GPVI) and aggregation (GPIIbIIIa), and also allows the evaluation of granule secretion, anionic phospholipid exposure and GPIIbIIIa activation. Different approaches explore the granules but the mepacrine test for dense granules, and the FCM measurement of P-selectin expression for alpha granules, are the most commonly used ones. The study of platelets by transmission electron microscopy is also important to characterize the origin of a secretory disorder. Recently, immunofluorescence tests on blood smears have been proposed to identify several thrombopathies in countries without a sophisticated technical platform. Finally, efficient genetic analyses are now available and allow the identification of new anomalies responsible for thrombopathies. In France, these analyses are performed by the Reference Center for Constitutional Platelet Diseases (CRPP) within the MHEMO network.
KEYWORDS
aggregometry, biological diagnosis, flow cytometry, function disorder, platelet