Antidotes des AOD : quoi de neuf en 2020 ?
Dix ans après la commercialisation des anticoagulants oraux directs (A0D), seul le dabigatran dispose en Europe d’un antidote spécifique, l’idarucizumab. Un antidote des xabans, l’andexanet-α, est mis sur le marché aux États-Unis depuis 2018. Contrairement à l’idarucizumab, l’andexanet-α possède un effet procoagulant, et n’a pas à ce jour prouvé sa supériorité en termes d’efficacité et de sécurité par rapport aux agents pro hémostatiques. Ces derniers incluent les concentrés de complexe prothrombique activés ou non, et sont proposés pour la gestion des AOD en cas d’hémorragie ou avant acte invasif urgent. D’autres antidotes des AOD sont en développement préclinique ou clinique, le plus avancé étant l’aripazine. Étant données les limites non négligeables de ces antidotes en développement, nous avons conçu, préparé et évalué un antidote qui neutralise les xabans sans interférer avec l’hémostase. Cet antidote consiste en un complexe (GDFXa-α2M) formé de facteur (F) Xa dépourvu de domaine Gla (GDFXa) séquestré par l’α2Macroglobuline (α2M). Les affinités des xabans pour GDFXa-α2M sont comparables à celles pour le FXa. Son efficacité a été vérifiée in vitro en présence de xabans, de dabigatran ou d’héparines et de ses dérivés par test de génération de fibrine, thromboélastométrie (Rotem) et tests chromogéniques. Son efficacité a également été vérifiée in vivo dans un modèle murin de saignement sans augmentation des D-dimères ou des complexes thrombine-antithrombine. Une molécule de deuxième génération est en cours de développement préclinique. Elle serait un nouvel antidote prometteur des AOD et dérivés hépariniques dépourvu d’effet anti- ou procoagulant.