Diagnostic biologique des thrombopathies constitutionnelles : quels outils en 2021 ?
Le diagnostic des thrombopathies constitutionnelles implique une démarche très spécialisée, les anomalies sous-jacentes étant nombreuses et variées. En cas de symptomatologie évocatrice (saignements cutanéomuqueux principalement), la première étape est d’éliminer une thrombopathie acquise et un déficit en facteur Willebrand. Le diagnostic d’une thrombopathie constitutionnelle nécessite ensuite plusieurs étapes, la première étant dominée par les tests d’agrégation plaquettaire, le plus souvent réalisés avec un panel d’agonistes sur plasma riche en plaquettes, et permettant d’identifier aisément certaines thrombopathies typiques comme la thrombasthénie de Glanzmann. L’agrégation plaquettaire peut aussi être évaluée en sang total par impédancemétrie, mais cette approche est peu validée en pratique. La cytométrie en flux (CMF) est aussi très utilisée pour l’étude spécifique des récepteurs importants pour l’adhésion (GPIb, GPIaIIa, GPVI) et l’agrégation (GPIIbIIIa), et permet d’évaluer aussi la sécrétion des granules, l’exposition des phospholipides anioniques et l’activation de GPIIbIIIa. Différentes approches explorent les granules, mais le test à mépacrine pour les granules denses, et la mesure de l’expression en CMF de la P-sélectine pour les granules alpha, sont les plus utilisés. L’étude des plaquettes en microscopie électronique est importante pour caractériser l’origine d’un trouble de la sécrétion. Récemment, l’immunofluorescence sur lames a été proposée pour identifier plusieurs thrombopathies dans des pays dépourvus d’un plateau technique sophistiqué. Enfin, des analyses génétiques performantes sont aujourd’hui accessibles et permettent l’identification de nouvelles anomalies responsables de thrombopathies. Elles sont en France réalisées grâce au Centre de Référence des Pathologies Plaquettaires constitutionnelles (CRPP), au sein de la filière MHEMO.