Propositions sur le maniement de l’argatroban, son suivi thérapeutique, avec la question particulière des vaccine-induced immune thrombotic thrombocytopenia (VITT) – Sous l’égide du GFHT
Utilisé pour la prise en charge des thrombopénies induites par l’héparine, l’argatroban, anticoagulant anti-IIa direct administré en perfusion intraveineuse (IV) continue, a été récemment proposé comme anticoagulant de première intention pour la prise en charge des complications thrombotiques des patients présentant une Vaccine-induced Immune Thrombotic Thrombocytopenia (VITT) ; la thrombopénie doit être prise en charge en parallèle (par immunoglobulines IV, et éventuellement corticostéroïde). Un groupe ad hoc a été établi par le bureau du GFHT et l’avis de membres du GFHT sollicités via une enquête a pu être recueilli sur ces propositions. Pour la VITT, la dose initiale proposée est de 1,0 mg x kg-1 x min-1 à ajuster en fonction des résultats de laboratoire en liaison avec un praticien expérimenté en hémostase. Premier contrôle : 4 heures après le début de la perfusion puis contrôles réguliers toutes les 4 heures jusqu’à l’obtention de l’équilibre, puis au moins une fois par jour. L’obtention d’une anticoagulation efficace doit être rapide en cas de thrombose étendue, notamment en cas de thrombose veineuse cérébrale, fréquente et grave dans les VITT. Pour le suivi au laboratoire d’un patient avec VITT, il est préférable d’estimer la concentration plasmatique de l’argatroban par un test basé sur la mesure de l’activité anti-IIa, avec une zone cible comprise entre 0,5 et 1,5 mg/mL, à adapter en fonction des facteurs de risque hémorragique et thrombotique, et à réévaluer fréquemment, notamment en fonction de l’évolution clinique, de l’imagerie, et de la numération plaquettaire. Concernant le suivi avec le TCA, un TCA ratio compris entre 1,5 et 2,5 est proposé pour la VITT, en tenant compte de la sensibilité du réactif à l’argatroban ; prendre en compte aussi des anomalies sous-jacentes susceptibles de faire varier le TCA et mesurer en parallèle l’activité anti-IIa correspondante, le cas échéant dans un laboratoire de recours. Les ajustements posologiques sont effectués par paliers de 0,1 à 0,2 mg x kg-1 x min-1 en fonction de la posologie initiale, des résultats du laboratoire et du contexte, en s’aidant des nomogrammes pour régler le débit de perfusion (réglette disponible). Surveiller régulièrement l’hémogramme (Hb, plaquettes), le fibrinogène et la fonction hépatique, en tenant compte de l’évolution clinique, surtout si le patient est instable.