Anticoagulants oraux directs chez les patients cirrhotiques
Nous rapportons le cas d’une femme âgée de 63 ans, présentant une thrombose non-occlusive de la veine porte sans signe de gravité, associée à une cirrhose Child-Pugh A d’origine alcoolique. La patiente a été initialement traitée par héparine de bas poids moléculaire puis par rivaroxaban, poursuivi au long cours. Ce traitement a été bien toléré et associé à une bonne reperméabilisation, sans récidive thrombotique. La thrombose de la veine porte (TVP) peut présenter un large spectre de présentation clinique et de sévérité, lié à une instabilité évolutive de l’équilibre procoagulant et anticoagulant chez les patients cirrhotiques. L’European Association for the Study of the Liver (EASL) recommande d’initier une anticoagulation par HBPM en l’absence de contre-indications majeures, relayée par un antagoniste de la vitamine K (AVK). Cependant, la manipulation des anticoagulants traditionnels est difficile dans ce contexte, et les AOD peuvent représenter une alternative intéressante grâce à leurs caractéristiques pharmacodynamiques et pharmacocinétiques. Chez les patients cirrhotiques présentant une altération légère à modérée de la fonction hépatique (score de Child-Pugh A ou B), la sécurité et l’efficacité des AOD semblent non inférieures à celles des anticoagulants classiques, en particulier chez les patients avec un faible risque hémorragique. Le test de génération de thrombine pourrait être une option intéressante pour le monitoring de ces patients traités par AOD, associée à une surveillance de la clairance rénale. Les AOD pourraient ainsi constituer une option thérapeutique intéressante pour la prise en charge des événements thrombotiques chez le patient cirrhotique.