Intérêt de l’hypnose pour les personnes avec une hémophilie
INTRODUCTION
Le terme hypnose est relativement récent, et sa paternité a été attribuée au baron Étienne Félix d’Hénin de Cuvillers (1755-1841) 1. Or, l’art de soulager les maux avec les mots est une pratique ancestrale. Les écrits sumériens (~ 3300 avant JC) faisaient déjà référence à des états de conscience modifiés 2. On doit à Franz-Anton Mesmer (1734-1815) la popularité de l’hypnose (à l’époque « magnétisme animal »). Néanmoins, son approche théorique était trompeuse (il fallait « réorienter le fluide magnétique afin de guérir ») 2. Deux commissions, nommées par Louis XVI en 1784, démantèleront les théories de Mesmer ; celle présidée par Benjamin Franklin conclura : « L’imagination fait tout, le magnétisme est nul » 3. C’est grâce au chirurgien écossais James Braid que l’hypnose, débarrassée « de la théorie erronée selon laquelle un fluide magnétique ou une influence ésotérique quelconque serait à l’origine du sommeil [sic] » 4, gagne sa place dans la médecine.
Il n’existe pas une seule définition d’hypnose. Nous en re- tiendrons deux, complémentaires : celle du psychiatre français Léon Chertok (connu pour ses travaux sur la psychosomatique) pour lequel l’hypnose est un « état de conscience modifié, à la faveur duquel l’opérateur peut provoquer des distorsions au niveau de la volition, de la mémoire et des perceptions sensorielles – en l’occurrence dans le traitement des informations algogènes » 5, et celle du psychiatre américain Milton H. Erickson (« père » de l’hypnose moderne) qui voit l’hypnose comme « un état d’attention et de réceptivité intense avec une augmentation de la réactivité à une idée ou à un groupe d’idées » 6.