Variants introniques profonds du gène F8 : une cause rare mais établie de l’hémophilie A
Plus de 2 000 variants délétères ont été décrits dans les bases de données comme causes d’hémophilie A. l’une des plus fréquentes maladies hémorragiques constitutionnelles. Cependant, l’anomalie moléculaire responsable reste non identifiée chez 2-5 % des patients tous phénotypes confondus, malgré une exploration extensive du gène F8 par toutes les techniques de biologie moléculaire disponibles en diagnostic de routine (recherche de l’inversion de l’intron 22 et de l’intron 1, séquençage de la région codante et des régions 5′ et 3 non traduites, recherche des grands réarrangements). Alors qu’ils n’étaient pas étudiés auparavant, il a été établi que des variants localisés profondément dans les introns peuvent aussi causer l’hémophilie A, par altération du mécanisme d’épissage. En effet, ils sont susceptibles de moduler, créer ou supprimer les sites accepteurs ou donneurs d’épissage, et ainsi provoquer « l’exonisation » de séquences introniques ou un épissage alternatif délétère avec saut d’exon. Pour les étudier, il est indispensable de pouvoir associer une méthode de séquençage (type « next-generation sequencing » pour étudier le gène F8 entier ou séquençage de Sanger pour étudier un intron en particulier), et des études fonctionnelles pour confirmer l’impact du variant ex vivo (étude de l’ARNm du patient) et in vitro (minigène). Ces approches représentent une charge de travail beaucoup plus importante, mais sont indispensables pour pouvoir identifier le variant pathogène responsable de l’hémophilie A dans ces familles.