RÉSUMÉ
La COVID-19 est une infection qui est associée dans les formes sévères à un risque thrombotique majeur. L’indication d’une prophylaxie anticoagulante est donc consensuelle pour les patients avec une forme grave, de même que le choix d’une héparine, de bas poids moléculaire dans la majorité des cas, ou plus rarement non fractionnée. En revanche, un large débat est engagé depuis la première vague de l’épidémie concernant les doses d’héparine à prescrire chez les patients les plus à risque, et, à un degré moindre, la durée du traitement anticoagulant. De fait, nous avons, au printemps 2020, proposé des doses intermédiaires ou élevées d’héparine dans les cas les plus graves, et chez les sujets à risque, comme les obèses, qui sont plus sensibles aux processus qui sous-tendent l’état inflammatoire et hypercoagulable induit par le SARS-CoV-2. De même, nous avons proposé de majorer les doses d’héparine si la concentration plasmatique du fibrinogène et/ou des D-dimères augmentait nettement au cours de l’évolution, mais cette proposition est très discutable. Dans ce texte, nous résumons l’état actuel de ce débat, en concluant que de nombreuses études en cours nous aideront peut-être à mieux définir nos choix thérapeutiques futurs pour une prophylaxie plus adaptée, avec un risque de saignement le plus faible possible.
MOTS CLÉS
COVID-19, héparine, prophylaxie, thromboses
ABSTRACT
COVID-19 is an infection that is associated in severe forms with a major thrombotic risk. The indication for anti-coagulant prophylaxis is therefore consensual for patients with severe forms, as is the choice of a heparin, low molecular weight in the majority of cases, or more rarely unfractionated. On the other hand, since the first wave of the epidemic, there has been a major debate on the doses of heparin to be prescribed in the most at-risk patients, and to a lesser extent on the duration of anticoagulant treatment. In fact, in the spring of 2020, we have proposed intermediate or high doses of heparin for the most severe cases, and in at-risk subjects, such as obese patients, who are more sensitive to the processes underlying the inflammatory and hypercoagulable state induced by SARS-CoV-2. Similarly, we have proposed to increase heparin doses if the plasma concentration of fibrinogen and/or D-dimers increased significantly over the progression of the disease, but this proposal is highly debatable. In this text, we summarize the current state of this debate, concluding that many ongoing studies may help us to better define our future therapeutic choices for a more adapted prophylaxis with the lowest possible risk of bleeding.
KEYWORDS
COVID-19, heparin, prophylaxis, thrombosis